jeudi 2 mai 2013

LES THEMES DU DECADENTISME.


I° HUYSMANS et son roman A Rebours. (1884)

  • Huysmans adhère tout d’abord au mouvement naturaliste. En 1876, il publie un roman de mœurs : Marthe qui lui vaut l’amitié de Zola.
  • Bientôt, il élargit le champ de son horizon en s’intéressant aux raffinements de l’art et de la poésie moderne, il vante ainsi Monet, Cézanne, Baudelaire ainsi que Verlaine et Mallarmé. Dans A Rebours, il se détourne de la vie réelle et construit pour son plaisir un monde artificiel.


    1. Résumé de l’œuvre : « les expériences d’un blasé »
  • Des Esseintes (nom du perso. Que nous abrègerons D-E) est le dernier descendant d’une famille riche et noble. Il a mené d’abord une vie de plaisirs, puis il a pris la société en dégoût. Malade, névrosé, il décide d’oublier ses contemporains et de vivre rigoureusement seul.
  • Il s’enferme alors dans une demeure qu’il aménage avec un luxe subtil afin de donner à tous ses goûts un aliment factice. Il recherche les sensations rares et raffinées, il se passionne alors pour la littérature et l’art décadents.
  • Mais sa névrose le poursuit, des hallucinations l’assaillent et, sur l’ordre du médecin, il doit renoncer à sa volontaire claustration. D-E se désespère à l’idée de retrouver ses semblables et il implore pour se sauver, le miraculeux secours de la Grâce : « Seigneur, prenez pitié du chrétien qui doute, de l’incrédule qui voudrait croire, du forçat de la vie qui s’embarque seul, dans la nuit, sous un firmament que n’éclairent plus les consolants fanaux du vieil espoir ! »

2.  Position littéraire de Huysmans.

Au cours de cette dernière période, Huysmans condamne explicitement le naturalisme, auquel il reproche dans Là-bas « d’avoir incarné le matérialisme de la littérature ».
Tout en rendant hommage à la loyauté et au talent de Zola, il affirme que sa doctrine conduisait nécessairement à une impasse et justifie tous les efforts qu’il a accomplis pour s’évader d’une « littérature sans issue », pour fixer les principes d’une esthétique plus large et pour chercher en même temps un point d’appui spirituel. Huysmans conserve d’ailleurs, jusque dans ses œuvres les plus hautement inspirées, un style volontaire, rugueux et riche en sensations véhémentes.

Les aspirations inquiètes et raffinées de Huysmans s’expriment dans A-Rebours (1884) qui marque sa rupture avec le naturalisme. Son héros, Des Esseintes, riche et blasé, représente à l’état aigu ce qu’on a appelé « la déliquescence », le mal des époques décadentes où l’on cherche désespérément du nouveau. Il n’aime que les écrivains latins de la décadence ou les modernes : Baudelaire, Verlaine et Mallarmé.



II° La figure de la décomposition.

  • Elle apparaît comme le prototype du raffinement décadent chez D-E : rêver autour de la question du corps. Le corps se cherche à travers l’extase, l’enfouissement et la décomposition.
  • Les Décadents sont attirés par les pays du nord, peut-être à cause de la notion d’intériorité dégagée par la glace et le brouillard. Ces pays attachés à la stérilité, enfermés dans l’intériorité rappellent Huysmans comme amateur de bibelots rares.
  • Le corps du personnage se cherche, le corps de D-E ne trouvera ainsi jamais la forme idéale de soi. La décomposition hante D-E : cauchemar de la grande terreur avec « l’image de la grande vérole ». Les membranes du corps sont toujours des images du corps décomposé, il n’existe pas d’entre-deux. Le virus n’est jamais saisissable, c’est ce à quoi s’arrête le Décadentisme (limite avec le naturalisme).

III° La mort comme passage entre naturalisme et décadentisme.

  • Le Décadentisme est vu comme une réaction au positivisme ambiant du XIXème siècle. Il refuse le modernisme qui assècherait l’individu.
  • Le Décadentisme revendique le roman.
  • Chez Zola, la Mort fait le terreau originel, chez Huysmans, elle est dans les vides de la généalogie. La Mort appelle le masque dans lequel elle s’incarne par un dispositif actif / figuratif.
  • Dans A-Rebours, la Mort habite d’entrée le personnage de D-E et la mort se lit aussitôt sur le visage > dispositif figuratif du personnage qui croule presque sous le décoratif.
  • C’est dans ce contexte que l’on posera le rapport entre Décadentisme et syphilis. De ce point de vue, la syphilis arrive dans le texte naturaliste, elle naît avec le réalisme-naturalisme. La syphilis apparaît donc comme mythe d’introduction, ce que les décadents reconnaissent, ce sont les œuvres qui exposent ouvertement la hantise des corps et des textes.
La vocation de la décadence, c’est de rencontrer la morbidité et de la mettre au grand jour : « il avait devant les yeux l’image de la Grande Vérole ».
  • La syphilis est toujours présente mais plus ou moins enfouie, active, dormante. Elle fait remonter le virus enfoui à la surface des corps.
Il s’agit d’une syphilis métaphorique ou littérale, ainsi la jouissance de la laideur provient-elle de la soif de l’inconnu et du goût de l’horrible. L’inconnu se retrouve dans l’excès de la décomposition.
  • La syphilis apparaît comme un moyen de se dire, de se reconnaître dans la littérature moderne, nous citerons ainsi la dernière nouvelle des Diaboliques de Barbey d’Aurevilly : « la putréfaction de la débauche finira par tuer la Duchesse . »

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