« La Vigne des morts sur le col
des dieux décharnés » a pour
cadre la mine de charbon Kazura, perdue dans la montagne. La nouvelle dresse à
sa manière pour le moins originale un pertinent tableau de l’histoire du Japon
au XXe siècle. Takao, la fille du propriétaire Sakuzô Kazura,
nous est présentée sous les traits d’une adorable petite fille prise de passion
pour les jolies fleurs de la vigne qui pousse dans le cimetière où l’on enterre
à la hâte les mineurs décédés par accident (ce qui arrive fréquemment) et les
bébés victimes d’une mortalité infantile très élevée. Dans une
extraordinaire parabole sur la fin de la civilisation, un inceste entre une
fille et son frère se prolonge avec leur père, puis gagne tout un village
affamé, condamné à payer son tribut de nouveau-né à la vigne nourricière. Dans un
village minier du Japon, une jeune fille a une admiration sans borne pour les
fleurs qui poussent sur les vignes du cimetière. Très vite, elle comprend que
cette vigne se nourrit de la chair et du sang des morts. Avec son frère, elle
va donc tenter un acte désespéré pour donner naissance à d'autres fleurs: ces
derniers s'accouplent dans le cimetière et le frère se donne la mort par amour
pour sa soeur. Une magnifique fleur éclôt sur sa tombe...Là est le premier
scandale... De plus en plus fascinée par cette fleur, la jeune femme sombre
dans la folie et force le village entier à s'accoupler dans le cimetière pour
ensuite sacrifier les nouveaux nés sur les tombes...Un magnifique jardin naît.
Extrait : « Takao
transporta jusqu’au cimetière tous ces morts aux plaies grandes ouvertes,
grouillantes de vers, et au fur et à mesure qu’elle poussait les bennes, les
intestins débordaient comme des ficelles qui se déroulent, des fourmis de
montagne grosses comme des haricots restaient collées dans les cervelles. Des
nuées d’oiseaux chantaient à la cime des arbres. Au cimetière les vignes des
morts en pleine floraison accueillaient les dépouilles, agitant doucement leurs
feuilles dans le vent frais du crépuscule, déjà annonciateur d’automne. Au
milieu se tenait Takao — le col et les manches de son kimono couverts de vers
et d’insectes qui s’étaient faufilés jusque-là pendant le transport des
cadavres —, couverte de sang et de sueur, mais son visage ne trahissait pas la
fatigue, pas plus que sa fille, Satsuki, ne semblait le moins du monde effrayée. »
« La Petite Marchande d’allumettes » est une variation érotique sur le conte d’Andersen.
La petite Oyasu expose son corps déjà
ravagé, proposant à ses clients d’entrevoir son sexe à la lueur d’une allumette
pour une somme dérisoire. Mais, derrière ce prétexte, c’est la vie d’Oyasu que
nous raconte Akiyuki Nosaka ; la petite fille très tôt livrée à la
passion d’adultes, l’amant de sa mère et son beau-père en premier lieu… Elle
sombreans la prostitution, mais sans vraiment en ressentir de
gêne : c’est qu’Oyasu est en quête de son père, qu’elle n’a jamais connu,
et multiplie les incestes symboliques, criant « Papa ! Papa ! »
quand des hommes mûrs lui font l’amour…
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