jeudi 13 juin 2013

La Vigne des Morts sur le col des dieux décharnés - Akiyuki Nosaka

 « La Vigne des morts sur le col des dieux décharnés » a pour cadre la mine de charbon Kazura, perdue dans la montagne. La nouvelle dresse à sa manière pour le moins originale un pertinent tableau de l’histoire du Japon au XXe siècle. Takao, la fille du propriétaire Sakuzô Kazura, nous est présentée sous les traits d’une adorable petite fille prise de passion pour les jolies fleurs de la vigne qui pousse dans le cimetière où l’on enterre à la hâte les mineurs décédés par accident (ce qui arrive fréquemment) et les bébés victimes d’une mortalité infantile très élevée. Dans une extraordinaire parabole sur la fin de la civilisation, un inceste entre une fille et son frère se prolonge avec leur père, puis gagne tout un village affamé, condamné à payer son tribut de nouveau-né à la vigne nourricière. Dans un village minier du Japon, une jeune fille a une admiration sans borne pour les fleurs qui poussent sur les vignes du cimetière. Très vite, elle comprend que cette vigne se nourrit de la chair et du sang des morts. Avec son frère, elle va donc tenter un acte désespéré pour donner naissance à d'autres fleurs: ces derniers s'accouplent dans le cimetière et le frère se donne la mort par amour pour sa soeur. Une magnifique fleur éclôt sur sa tombe...Là est le premier scandale... De plus en plus fascinée par cette fleur, la jeune femme sombre dans la folie et force le village entier à s'accoupler dans le cimetière pour ensuite sacrifier les nouveaux nés sur les tombes...Un magnifique jardin naît.

Extrait : « Takao transporta jusqu’au cimetière tous ces morts aux plaies grandes ouvertes, grouillantes de vers, et au fur et à mesure qu’elle poussait les bennes, les intestins débordaient comme des ficelles qui se déroulent, des fourmis de montagne grosses comme des haricots restaient collées dans les cervelles. Des nuées d’oiseaux chantaient à la cime des arbres. Au cimetière les vignes des morts en pleine floraison accueillaient les dépouilles, agitant doucement leurs feuilles dans le vent frais du crépuscule, déjà annonciateur d’automne. Au milieu se tenait Takao — le col et les manches de son kimono couverts de vers et d’insectes qui s’étaient faufilés jusque-là pendant le transport des cadavres —, couverte de sang et de sueur, mais son visage ne trahissait pas la fatigue, pas plus que sa fille, Satsuki, ne semblait le moins du monde effrayée. »


« La Petite Marchande d’allumettes »  est une variation érotique sur le conte d’Andersen.


La petite Oyasu expose son corps déjà ravagé, proposant à ses clients d’entrevoir son sexe à la lueur d’une allumette pour une somme dérisoire. Mais, derrière ce prétexte, c’est la vie d’Oyasu que nous raconte Akiyuki Nosaka ; la petite fille très tôt livrée à la passion d’adultes, l’amant de sa mère et son beau-père en premier lieu… Elle sombreans la prostitution, mais sans vraiment en ressentir de gêne : c’est qu’Oyasu est en quête de son père, qu’elle n’a jamais connu, et multiplie les incestes symboliques, criant « Papa ! Papa ! » quand des hommes mûrs lui font l’amour… 


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